Amour tombé des cieux (plan spirituel) et enfermé au sous-sol (le plan vital)

Note : cette page à été écrite il y a longtemps, alors que je ne disposais pas du schéma intellectuel de l’Ouvert (plan vital-plan spirituel qui est dans la Bible ou ailleurs le couple “terre-ciel” ) ni de sa terminologie ; j’ai introduit cette terminologie partout où j’ai vu qu’il y en avait besoin, pour faire le lien avec ce blog, mais là où je ne l’ai pas fait il est facile d’y remédier (ainsi l’enfer de la conscience non libre est évidemment le plan vital, ou l’Egypte de la Bible d’où fuient les hébreux)

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Lors de la récente émission “Répliques” de Finkielkraut sur “la Russie”, les participants on parlé du “récit” le plus important de Dostoïevsky, véritable clé de toute son oeuvre, qui est titré selon Finkielkraut “Mémoires du souterrain”, ou dans mon souvenir :

“Le sous sol”

récit qui est selon un critique une “véritable dissection du démoniaque“, et qui annonce la révolution bolchevique du 20 ème siècle et tout ce qui s’ensuit (et qui mène jusqu’à nous), récit à la première personne qui commence, selon mon souvenir, par :

Je suis un homme malade. Je ne connais pas du tout la nature de ma maladie; je crois que j’ai une maladie de foie

Cette nouvelle est effectivement la clé de l’oeuvre de Dostoïevsky, qui est à son tour la clef de notre “monde” (ou absence de monde).

Et elle se termine par ces paroles du “narrateur” :

“Mais je m’arrête ici , je ne veux plus faire entendre ma voix souterraine

C’est une abdication, mais pas du tout de la même nature que celle du “grand renoncement” de Hans Castorp , dans “La montagne magique” qui renonce à (re)devenir l’amant de Clawdia Chauchat, dans une “décision résolue”  qui le mènera à “expérimenter les rêves d’amour qu’il gouvernait” dans son sanatorium de Davos, puis le jettera dans l’abîme abrupt de la guerre de 1914.

Et maintenant, un siècle après,  Davos est devenue le lieu de villégiature des décideurs économiques de la mondialisation !

Mais, et Thomas Mann nous l’explique, nous n’avons pas à nous inquiéter pour Hans Castorp : des aventures du corps et de l’esprit sont venues pour lui , un “songe d’amour” a surgi pour lui, de la séduction de la  mort et de la luxure du corps , qui lui ont permis de surmonter dans l’esprit ce qu’il ne surmontera sans doute pas dans la chair.

De cette boue, de cette rougeur trouble du ciel incendié (par les obus), l’Amour surgira t’il un jour ?

ainsi se clôt le Magnum opus de Thomas Mann, sans réponse évidemment, et il me semble que nous pourrions poser la même question , (sous la rougeur trouble des plateaux de télévision ?)… sans plus de réponse, car ce n’est pas une Question à laquelle il soit possible de répondre, mais quand je vois les manifestants contre le film anti-islam j’aurais quand même  tendance à répondre par la négative !

l’abdication du “anti-héros sans nom” du “Sous Sol” est entièrement opposée : elle consiste à renoncer définitivement à la “lumière du jour” pour la nuit du “sous-conscient” et du ressentiment. Lumière de la conscience rationnelle s’acheminant vers le centre intime de toute conscience qui est “Dieu”, nuit de la “conscience” asservie et non libre .

Qui d’entre nous peut prétendre n’avoir rien à voir avec l’anti-héros sans nom du “Sous-Sol” ? qui d’entre nous peut “sauter hors de son temps” et affirmer être entièrement sorti de l’enfer de la conscience non libre ?

l’orientation dont je parlais dans le dernier article, elel se joue entre la tendance bonne, qui consiste à tenter de se libérer du “sous-sol”, et l’autre qui consiste à s’y enfermer définitivement : le “anti-héros” de Dostoïevsky  est donc, à son heure, un nihiliste prédecesseur des bolchevistes, des islamistes et des nazis. Mais un homme seul, qui ne saurait avoir une influence sur les masses… il est vrai que c’était le cas d’Adolf Hitler avant 1914.

Quoiqu’il en soit, il me semble que je pourrais imiter le “anti-héros”, et signer ici la fin :

THE END

après ce dernier article qui au fond dit tout ce qu’il est important de dire (à mon avis, mais ceci est mon blog, donc pas étonnant que je dise ce qui est vrai à mon avis):

http://horreurislamique.wordpress.com/2012/09/26/deux-sortes-dislamophobie-qui-nont-rien-a-voir-lune-avec-lautre/

Si l’on pense comme moi que l’islamisation du monde est un cancer qui se propage, et qu’il faut lutter contre, alors il ne faut pas se tromper de voie, et en rester (comme la plupart) aux “droits de l’homme” et à la “démocratie”, mais mener un combat philosophique-religieux.

Seul ce combat d’ordre intellectuel, mené au nom du véritable Absolu qui est la Raison, peut déboucher, et nos adversaires les David Livingstone, qui ont déjà abdiqué devant l’Islam, le savent tellement bien qu’ils s’en prennent à Spinoza, le grand émancipateur de l’Occident, et qu’ils feraient sans doute de même avec Brunschvicg.

Mais Spinoza en a déjà vu d’autres, de son vivant, avec le herem et le banissement qui l’a frappé :

http://horreurislamique.wordpress.com/le-herem-de-spinoza/

de quel côté se situe la haine ici ? les rabbins d’Amsterdam qui ont signé ce libelle en 1656 auraient pu être des islamistes.

Il me semble que la meilleure réponse aux arguties des gens comme David Livingstone est, encore une fois, ce court texte de Brunschvicg qui date du début des années 1930:

http://horreurislamique.wordpress.com/lhomme-occidental/

Oui, je refuse d’être assimilé au “anti-héros” du “Sous-sol”, car je suis persuadé que tout mon effort revient à lutter sincèrement pour me libérer de MON “sous-sol” (nous en avons tous un,  que nous appelons notre “jardin secret”, domaine de notre “vie intérieure” qui est , comme l’a encore montré Brunschvicg, l’antithèse de toute vie véritablement spirituelle).

mais il me semble à moi aussi que je pourrais l’imiter, et ne plus faire entendre désormais ici ma “voix souterraine”, consacrant tous mes efforts à la tâche philosophique-religieuse, sur les blogs consacrés à Brunschvicg et à la mathesis.

Mais je dois signaler que le récit de Dostoïevsky ne finit pas tout à fait avec cette “déclaration d’intention” du “anti-héros sans nom”.

Un second narrateur, Dostoïevsky lui même, celui qui tire les ficelles (comme il est bien normal, dans un récit écrit parlui) ajoute quelques lignes pour dire ceci :

il n’a pas été fidèle à ce qu’il dit ici, et il n’a pas pu s’empêcher de faire de nouveau entendre sa voix souterraine… mais il nous semble à nous aussi que l’on peut situer ici la fin du récit

donc…..

que nous ayions “raison” ou non, que nos paroles soient justes, fondées, ou non, notre voix individuelle à tous n’est elle pas, de nos jours, “souterraine” ?

combien peu nous avons d’influence sur “ce qui arrive” !

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Une autre version du sous sol de Dostoievski : l’Esprit souterrain

http://www-fourier.ujf-grenoble.fr/~marin/une_autre_crypto/Livres/dostoievski_esprit_souterrain.pdf

C’est en deux parties : Katia qui est la nouvelle aussi titrée “La logeuse” et à partir de la page 106 : Lisa qui est “Le sous sol”.

Il y a plusieurs versions du texte, celle ci doit être la même que celle sur Wikisource, il y manque les citations d’hier sur le “nous ne savons plus trop où cela se niche la vie, nous trouverons bientôt le moyen de naître d’une idée” (ou d’une éprouvette ?)

Mais c’est le passage suivant qui est incontestablement le centre et le zénith (ou plutôt le nadir) du texte: l’aveu du “pauvre personnage” sur sa tragédie intime:

On ne me laisse pas… je ne puis pas… être bon, ― murmurai-je d’une voix entrecoupée. Et me laissant tomber sur le divan, je sanglotai pendant un quart d’heure dans une crise de véritable hystérie. Lisa se serra contre moi, m’étreignit dans ses bras et parut s’oublier dans cette étreinte.

Quel est ce “on” qui ne le “laisse pas être bon”?

L’Islam a répondu à la question avec son imbécilité coutumière : Allah sauve et damne qui il veut, sans avoir à donner d’explications…un peu comme un tyran qui fait exécuter tous ceux dont la tête ne lui “revient pas”.

Non, ce “on” c’est lui, lui l’habitant du souterrain, du “bunker”.

C’est lui en tant qu’enfermé dans son “personnage” (PERSONA = masque, il y a un film de Bergman portant ce titre et je crois me souvenir que j’ai donné le lien pour le voir sur ce blog).

Il ne “peut pas” être bon parce qu’il ne “peut” pas se libérer de ce tyran qui est lui même réduit à ses caractéristiques sociales et psychologiques, pour une fois sorti de cette prison habiter le “monde spirituel”.

Il ne peut pas parce qu’il ne veut pas : il ne peut pas vouloir se libérer. Tel est l’enfer…

Dans “Le cercle rouge” de Jean Pierre Melville, le souterrain d’Yves Montand est l’alcool, qui fait venir à lui au petit matin les “habitants du placard”…

Schopenhauer dit que “le solipciste est un fou enfermé dans un blockhaus imprenable”…un blockhaus , un bunker, un souterrain…et à la fin du film de Kubrick le docteur Folamour a un plan miraculeux pour sauver l’humanité : lui faire habiter des galeries de mines..

Mais Dostoievski lui croit que le bunker n’est pas imprenable : seul l’amour du Christ peut en venir à bout.

Et l’acharnement démoniaque et destructeur de l’habitant du bunker contre la prostituée vient de ce qu’elle l’a humilié en semblant avoir pitié de son malheur, mais d’autre chose qui est bien plus profond et touche aux racines mêmes de la chute accélérée de l’humanité “moderne” vers l’enfer : l’absence de l’harmonie entre masculin et féminin (malheur tragique qui éclate avec évidence dans les deux films dont je viens de parler : “L’amour est un crime parfait” et “A bout de souffle”)

C G Jung note quelque part (je crois que c’est dans “Sept sermons aux morts”) que la conception féminine de l’amour est totalement différente et incompatible avec la masculine (pas besoin de s’appeler Jung pour s’en apercevoir).

L’amour est LA Religion de la Femme (pas la femme empirique, telle qu’elle existe selon la société où elle vit, la Femme au niveau métaphysique) , religion dont est est la Grande prêtresse.

L’homme, en tout cas l’homme moderne tel que nous le connaissons, ne veut plus entrer en cette religion et blasphème contre elle, il le fait parce qu’il a peur d’être dominé, enfermé, emprisonné, dévoré..et ce d’autant plus qu’il est plus emprisonné en lui même.

C’est à un tel blasphème que nous assistons épouvantés à la fin du “Sous sol” : Lisa lui propose de le sauver (et de se sauver elle même) en le faisant entrer en sa religion dont certes elle a perdu les clefs et les codes en tombant dans son enfer de prostituée, mais qu’elle pourrait retrouver, redevenant Grande Prêtresse.

Seulement lui se complaît dans son “athéisme de la déréliction” : au moins quand on désespère on est quelqu’un…

Mais ici se passa une chose étrange.
J’ai une habitude à ce point invétérée de penser et de réfléchir d’après les livres et de me représenter tout au monde comme si je l’imaginais moi-même dans mes rêves, que cette chose étrange, je ne la compris pas aussitôt. Outragée, écrasée par moi, Lisa avait compris beaucoup plus profondément que je ne pouvais le supposer. De tout cela, elle avait compris ce qu’une femme comprendra toujours avant toute chose si elle aime sincèrement : c’est que l’homme qui lui parlait ainsi était lui-même malheureux.
La frayeur et le ressentiment avaient disparu de son visage, qui n’exprimait plus qu’une surprise désolée. Quand je me traitai de vaurien et de cochon, et quand mes larmes recommencèrent à couler, ― car je pleurais en débitant toute cette tirade ! ― ses traits se crispèrent convulsivement, elle voulut se lever et m’interrompre. Et quand j’eus fini, elle ne s’arrêta pas à mes cris, elle ne parut pas entendre que je lui reprochais d’être encore là, mais sa physionomie exprimait avec évidence qu’elle sentait seulement combien je devais moi-même souffrir en lui disant tout cela. Et d’ailleurs, la pauvre créature était tellement humiliée, elle s’estimait si incomparablement inférieure à moi qu’il ne lui venait pas même à l’esprit de s’offenser. Dans une sorte d’élan à la fois irrésistible et timide, elle fit un pas vers moi, puis, n’osant s’approcher davantage, me tendit les bras… Mon cœur se serra. Elle vit ma physionomie changer, se jeta vers moi, enlaça mon cou de ses mains et se mit à pleurer. Je n’y pus tenir moi-même, et je sanglotai comme jamais cela ne m’était arrivé.
― On ne me laisse pas… je ne puis pas… être bon, ― murmurai-je d’une voix entrecoupée. Et me laissant tomber sur le divan, je sanglotai pendant un quart d’heure dans une crise de véritable hystérie. Lisa se serra contre moi, m’étreignit dans ses bras et parut s’oublier dans cette étreinte…..Mais la crise passa. (J’écris ici, qu’on ne l’oublie pas, la plus sale réalité.) Et voilà, couché à plat ventre sur le divan, le visage enfoui dans un misérable oreiller de cuir, voilà que, peu à peu, de très-loin, involontairement, mais irrésistiblement, je commençai à sentir qu’il serait maintenant bien gênant de relever la tête et de regarder dans les yeux de Lisa. De quoi avais-je honte ? Je ne sais, mais j’avais honte. Il me vint aussi à l’idée que les rôles avaient définitivement changé ; qu’elle était devenue l’héroïne, et que j’étais moi-même devenu l’être humilié et offensé qu’elle était devant moi quatre jours auparavant… Et je pensais cela tout en restant couché sur le divan.
Mon Dieu ! est-il vraiment possible que j’aie, en ce moment, été jaloux de Lisa ? ― Je ne sais, maintenant encore je ne puis me rendre compte de cela. Il m’a toujours été impossible de vivre sans tyranniser quelqu’un, et… Mais les raisonnements n’expliquent rien, et pourquoi raisonner ?
Pourtant je repris le dessus. Je levai la tête. (Il aurait bien toujours fallu lever la tête un jour ou l’autre !…)
Or, je suis maintenant certain que c’est précisément parce que j’avais honte de la regarder que s’alluma soudainement un sentiment imprévu : le sentiment de la domination ― et de la possession. Mes yeux s’enflammèrent passionnément, je serrai avec force les mains de Lisa dans les miennes…
Comme je la haïssais en ce moment ! Mais comme cette haine m’attirait étrangement vers elle ! La haine doublait l’amour, et cela ressemblait presque à de la vengeance…
Un immense étonnement bouleversa ses traits, un étonnement tout voisin de la terreur. Mais ce fut court, et elle se hâta de m’étreindre avec une ardeur passionnée.

Seulement la Prêtresse, même devenue prostituée ou PARCE QUE devenue prostituée, ne peut pas ne pas déceler qu’elle est en train de faire entrer un serpent venimeux dans le temple de l’Amour, le temple de sa religion…elle n’est pas Viviane et le “pauvre personnage” n’est pas Merlin qui abdique volontairement sa liberté:

Un quart d’heure après, je courais de long en large dans la chambre avec une impatience fébrile. À chaque instant, je m’approchais du paravent, et, à travers une petite fente, je regardais Lisa. Elle était assise par terre, la tête appuyée au lit, et paraissait pleurer. Mais elle ne s’en allait pas, et cela m’irritait. Maintenant elle savait tout. Je l’avais suprêmement outragée, mais… Que sert de raconter ? Elle savait maintenant que mon bref désir était né d’une pensée de vengeance, du besoin de lui imposer une humiliation nouvelle, et qu’à ma haine pour ainsi dire sans corps s’était substituée une haine personnelle, réelle et fondée sur la jalousie… D’ailleurs, je n’affirme pas qu’elle ait compris tout cela nettement. Ce qui est certain, c’est qu’elle me tenait désormais pour un homme parfaitement vil et surtout incapable d’aimer.
Je sais bien ! on me dira qu’il est impossible d’être méchant et bête à ce point. On ajoutera peut-être qu’il est impossible de ne pas aimer une telle femme, impossible au moins de ne pas apprécier son amour. ― Baste ! Qu’y a-t-il d’impossible ? D’abord je ne pouvais plus aimer (dans le sens qu’on attribue à ce mot) : aimer, pour moi, ne signifiait plus que tyranniser et dominer moralement. Je n’ai même jamais pu concevoir un autre amour, et je suis allé si loin en ce sens qu’aujourd’hui je crois fermement que l’amour consiste en ce droit de tyrannie concédé par l’être aimé. Même dans mes rêves souterrains, je ne me représentais l’amour que comme un duel commencé par la haine et fini par un asservissement moral : mais après ? Je n’aurais su que faire de l’objet asservi ! Et, encore une fois, qu’y a-t-il d’impossible ? Ne m’étais-je pas dépravé invraisemblablement ? N’avais-je point perdu la notion de la « vie vivante » au point d’avoir osé faire honte à Lisa d’être venue écouter des « mots de pitié » ? ― Et pourtant ! Elle était venue pour m’aimer !… Car, pour une femme, c’est dans l’amour qu’est toute résurrection, tout salut de n’importe quel naufrage. C’est par l’amour et seulement par l’amour qu’elle peut être régénérée. Mais était-ce bien de la haine que j’avais pour Lisa à cette heure où je courais à travers la chambre et m’arrêtais à chaque instant pour regarder derrière le paravent ? Je ne crois pas ; il m’était seulement insupportable de la sentir là, j’aurais voulu qu’elle disparût, j’aurais désiré de la « tranquillité », de la solitude. Je n’avais plus l’habitude de la « vie vivante » ; elle m’écrasait, ma respiration même en était gênée…
Quelques instants se passèrent encore ; elle ne se levait pas, abîmée dans sa stupeur : et j’eus l’imprudence de frapper légèrement au paravent pour la rappeler à elle-même… Elle se secoua brusquement, se hâta de se lever et de prendre son châle, son chapeau, sa fourrure, comme si elle eût voulu se sauver de moi quelque part. Deux minutes après, elle sortit lentement de derrière le paravent, fit quelques pas dans la chambre et laissa tomber sur moi un regard lourd. (J’avais un méchant sourire, mais forcé, un sourire de convenance, et j’évitais son regard.)
― Adieu, ― dit-elle, et elle se dirigea vers la porte.
Je courus à elle, je lui pris la main, l’ouvris, et lui mis… puis la fermai, et aussitôt lui tournant le dos, je me reculai avec une singulière vivacité dans un coin, ― pour ne pas la voir au moins”<

Mais maintenant ces lignes nous sont devenues incompréhensibles : car nous habitons maintenant tous le bunker, et nous n’arrivons plus à croire à ces “grands et vieux récits” qui nous parlent d’un ailleurs, d’un au dehors du bunker,du plan vital des Cieux, des étoiles, le “plan spirituel” de l’Idée

Et le pauvre et vil personnage est devenu chanteur, il a trouvé une femme à sa mesure:

Chacun fait c’ki lui plait

5 heures du mat’ j’ai des frissons
Je claque des dents et je monte le son
Seul sur le lit dans mes draps bleus froissés
C’est l’insomnie, sommeil cassé
Je perds la tête et mes cigarettes sont toutes fumées
dans le cendrier
C’est plein de Kleenex et de bouteilles vides
J’suis tout seul, tout seul, tout seul
Pendant qu’Boulogne se désespère
J’ai d’quoi m’remplir un dernier verre
Clac ! fait le verre en tombant sur le lino
J’m’coupe la main en ramassant les morceaux
Je stérilise, les murs qui dansent
L’alcool ça grise et ça commence
Yeah, Yeah, Yeah, Yeah
font les moutons, sur le parquet

(Off) Et à ce moment là, qu’est-ce que vous avez fait ?

J’crois qu’j’ai remis la radio

(chœurs)
Chacun fait, fait, fait
c’qu’il lui plaît, plaît, plaît !

L’précipice est au bout

(chœurs)
L’précipice on s’en fout !
Chacun fait, fait, fait
c’qui lui plaît, plaît, plaît
Toutes les étoiles qui brillent

Qu’est-ce qu’elles ont à m’dire, les étoiles ?

Mais moi ce qui me stupéfie c’est tous ces spectateurs en train d’applaudir : l’précipice est au bout mais on y va en chantant …plus d’étoiles mais plein de stars…

Voir aussi:

A bout de souffle

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Les carnets du sous-sol

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L’amour est un crime parfait

Mea culpa mea maxima culpa : le titre de cette page insulte à la sagesse profonde d’un site de rencontres disséminée par ces affiches que nous avons tous remarquées:

Non, Amour ne tombe pas du ciel, surtout depuis qu’il est sur Internet…à moins que le web ne soit “une nouvelle terre et de nouveaux cieux”?