#CochetBrunschvicg 7 : dissolution de l’humanité dans l’esprit

Continuons la lecture page 86 , à la suite du dernier article 6, en revenant sur cette pensée surprenante au début de la page 86 : c’est nous qui “créons pas à pas le Temps chronologique dans notre marche tangente à l’esprit”:

#CochetBrunschvicg 6 : la conversion de la chair à l’esprit dans le Temps hermétique

Le futur, par définition, n’est pas , car il n’est pas encore: il sera…sous un certain nombre de conditions (comme par exemple à condition qu’une guerre nucléaire n’éclate pas pendant la nuit, ou bien qu’un astéroïde ne fracasse pas la Terre, auquel cas le futur du lendemain sera celui des puces et des moucherons, et encore…)

Que signifie “le futur sera” ? Cela dépend de qui le dit, car c’est une pensée d’un sujet humain qui signifie à peu près : en vertu de la constance des lois de la nature, les corps célestes qui déterminent la mesure du Temps va continuer à s’effectuer comme elle s’est effectuée dans le “passé” c’est à dire le “déterminé” , ce que l’on ne peut plus changer, et les cellules qui composent mon corps situé dans le monde vont aussi continuer aussi de même, en même temps que la Terre va continuer son mouvement de même que les aiguilles de ma montre et celles de toutes les montres. De même que dans le “passé” que je me remémore il y a eu cette journée d’aujourd’hui jusqu’à “maintenant” où il “est” 18h16 à ma montre, de même tous les mouvements que je vois autour de moi ne peuvent que continuer (car pour qu’ils cessent tous, il faudrait une cause , comme un astéroïde fracassant la Terre, que nos instruments spatiaux ne décèlent pas sinon ils l’auraient déjà dit à la télé. De même qu’il y a eu cette journée d’aujourd’hui que je me remémore, il y aura cette journée de “demain” où je “serai” là (car pourquoi ne serais je pas là demain ? Bien sûr je ne suis pas en bonne santé, mais pas au point d’être à l’article de la mort!
Tout ceci n’est pas certain, de la même certitude que ce passé d’il y a une heure EST (déterminé, fixé, mort) car il y a toujours la possibilité d’un astéroïde s’abattant sur la Terre, la NASA a dit que s’il arrivait dans un certain secteur du ciel on ne le verrait arriver que quelques instants avant qu’il ne heurte la Terre. Résumons tout ceci : ” il est extrêmement probable que demain sera une journée dans ma vie, comme aujourd’hui, à part les différences de température et de climat, et des événements qui arriveront. Maintenant, je suis , c’est certain (comme Descartes l’a démontré par le “cogito”). Je suis en ce moment et cela détermine un point de l’espace Temps :ici et maintenant. Je peux aussi penser, en ce moment, un moment qui possiblement sera, par exemple ce canapé où je suis assis chez moi, tel qu’il sera dans une heure d’ici , à 19h31 :il est fortement probable que je serai encore ici à ce moment, à moins que d’ici là une explosion dûe à un attentat ait détruit tout l’immeuble, ou bien que le téléphone ait sonné et que j’ai dû me lever pour aller répondre.
Je puis donc penser deux points de l’espace Temps : ici , dans mon canapé , et maintenant où il n’est plus 18h31 mais 18h35 à ma montre (eh oui, du Temps a passé depuis ce moment où j’écrivais que “dans une heure il sera 19h31”, du Temps pendant lesquelles j’ai écrit les lignes qui séparent celle ci de la ligne au dessus, où j’écrivais “19h31” et maintenant, dans une heure d’ici ce sera à 19h38 ) . Ces deux points de l’espace Temps, le point glissant et mouvant “ici et maintenant” qui est ce que Mme Cochet appelle le “Cela est ” et l’autre point “ici dans une heure” . Géométriquement parlant je puis tracer une droite joignant ces deux points de l’espace Temps . Cette droite est appelée une sécarté qui coupe la figure géométrique de l’espace Temps (qui selon la physique d’Einstein est une “variété différentiable à quatre dimensions dont une de Temps” mais oublions les détails géométriques et représentons nous une sphère , dans l’espace à trois dimensions puisque nous ne pouvons pas nous représenter l’espace à quatre dimensions de la Relativité) Nous partons d’un point de la “sphère” l’ici et maintenant, et nous pensons à un autre point : ici dans une heure et nous joignons ces deux points par une droite.
Maintenant faisons parier en pensée ce second point en le rendant de plus en plus proche du premier point qui est “ici et maintenant” : nous en avons le droit car il s’agit d’un pur objet de pensée, qui a un statut de pure possibilité pensée : ici dans trente minutes, dans 10 minutes, etc.. dans une minute, dans 30 secondes. Tirons à chaque fois la droite, la sécante qui joint le premier point “ici et maintenant” au second point :dans 10 minutes, dans une minute, dans 30 secondes … cette droite varie puisque le second point varie, nous obtenons donc un faisceau de droites ayant toutes en commun le point “ici et maintenant ” . Si nous prenons le second point de plus en plus proche : dans une seconde, dans une milliseconde, dans une microseconde, etc.. la géométrie nous apprend que cette sécante tend vers la tangente, en le point “ici et maintenant” à la variété différentiables à 4 dimensions qui est l’espace Temps, et qui représente mathématiquement l’Univers, le monde, le plan vital.
Nous voyons ici se dévoiler peu à peu les sens de la phrase de Marie Anne Cochet : “le Temps chronologique ne vient pas vers nous; c’est nous qui le créons pas à pas dans notre marche tangente à l’esprit”

Le plan vital (le monde, l’espace Temps) et le plan spirituel ont bel et bien un point et un seul en commun mais un point qui dépend de la conscience qui l’envisage :”ici et maintenant” ce n’est pas un terme scientifique, objectif, mais qui dépend de celui qui le pense et du lieu et du moment où il le pense. Louis Lavelle dit que :
“L’instant est la croisée du Temps et de l’éternité ” c’est exactement cela et cela signifie :
“L’ici et maintenant est le point de tangence entre le monde et l’esprit”

Ici et maintenant je suis dans le monde, c’est indéniable : je, moi qui pense et qui parle, suis “ici”, chez moi, sur ce canapé, et je suis maintenant, qui à l’heure où j’écris ceci est 20h 11. J’ai quitté mon canapé environ une heure pour aller voir l’excellent Malek Boutih sur BFMTV. Et maintenant il est à ma montre 20h 13, et je suis ici et maintenant. Cet immeuble où j’habite, ce canapé où je suis assis sont dans le monde, donc en tant que corps humain vivant je suis dans le monde, c’est indéniable.
Mais il est tout aussi indéniable que je suis aussi dans le monde spirituel, puisque je pense (à ce que dit Marie Anne Cochet) . Je ne puis penser véritablement qu’ici et maintenant . Donc ce point de l’espace Temps, variable avec l’individu qui le pense: “ici et maintenant” est toujours, et pour tout le monde, un point commun entre le monde de l’espace Temps, la variété riemannienne de la Relativité générale mais c’est le seul, selon l’axiome principal de ce blog . Donc c’est un point de tangence, si toutefois l’on représente le monde spirituel de manière géométrique, comme on le fait en physique pour le monde, pour l’espace Temps. À chaque instant nous touchons le monde spirituel, le “Royaume des cieux” et pourrions entrer dedans par la “porte étroite” de l’ici et maintenant. Seulement nous ne le faisons pas parce que nous préférons “prendre la tangente” , nous préférons la voie large qui mene à la perdition plutôt que l’entrée dans le Royaume par la porte étroite, voir Matthieu 7-13:

http://saintebible.com/matthew/7-13.htm

nous préférons créer le Temps chronologique en une marche tangente à l’esprit, comme dit Marie Anne Cochet. L’analyse que nous avons donnée plus haut avec les histoires de sécantes qui tendent vers la tangente signifie :

Nous refusons d’entrer dans le Royaume des cieux par la porte étroite de “l’ici et maintenant” parce que nous préférons nous projeter dans le futur et ainsi rester dans le monde, le plan vital, en créant le Temps chronologique.
Poursuivons la lecture de la page 86 de “Commentaire sur la conversion spirituelle dans la philosophie de Léon Brunschvicg”:

Cette marche de la pensée vers l’esprit dissout l’humanité dans l’esprit comme la marche de l’animalité vers l’humanité dissout l’animalité dans l’humanité . Tout accomplissement est une dissolution qui libère pour une expression nouvelle. Les artistes et les savants le prouvent en se détachant de l’œuvre ou de la découverte sitôt qu’elle est extériorisée pour engendrer sans fin un effort sans fin vers plus de beauté et plus de vérité. Il n’y a d’autre finalité que la finalité mouvante d’un effort toujours renaissant vers un terme jamais atteint parce que la science et l’art sont révélateurs par le développement de l’esprit à l’intérieur de la conscience et non par leurs résultats. Poèmes ou découvertes, aussi bien que concepts , sont des arrêts provisoires dans la spiritualisation, et leur fixité comme leur rigidité serait mortelle à la pensée des hommes

C’est là la tragédie “extérieure” de la science, qu’on ne retienne que ses résultats, et non son Esprit, et le “progrès de la conscience” qu’elle permet, pour reprendre la formule de Brunschvicg. Dans le texte ci dessus de Mme Cochet je serais d’avis de changer le mot “découvertes” en “théorèmes”.
J’avais déjà parlé du mot “dissolution” : Mme Cochet a écrit un autre livre qui s’appelle “Essai sur la dissolution opposée à l’évolution” (Revue de l’université de Bruxelles, 1924) qui est introuvable aujourd’hui par contre on peut lire le livre de Lalande “La dissolution opposée à l’évolution dans les sciences physiques et morales” qui avait été écrit en 1899 sur le site “Archive”:

https://archive.org/details/ladissolutionop01lalagoog

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