#CochetBrunschvicg l’intégration des moments du vécu chronologique dans le Présent éternel de la Réflexion

l’idéalisme critique en quoi consiste la philosophie spinoziste de Brunschvicg éclairée par Marie Anne Cochet dans son livre de 1937 :

https://anthroposophiephilosophieetscience.wordpress.com/2016/09/13/cochetbrunschvicg-objet-et-objectivite-raison-et-

#CochetBrunschvicg 20 la #ScienceInternelle comme connaissance intégrale ( GNOSIS)

peut être appelé « philosophie réflexive «  , par exemple par Ludovic Robberechts :

Ludovic Robberechts : essai sur la philosophie réflexive

parce que la « connaissance intégrale » qui est la visée de la philosophie, science des idées, en quoi elle s’oppose aux sciences particulières qui ont un objet extérieur à elles-mêmes , est fondée sur le pouvoir actualisant de la Réflexion, et n’est pas « plus attachée au sujet qu’elle n’est dépendante de l’objet. Mouvement libre de l’esprit, qui crée son champ d’expérience par son acte même, elle réside en l’intervalle qui unit l’objet au sujet, et s’exerce entre les deux termes, auxquels elle confère la réalité intellectuelle. Ce mouvement spirituel s’établit, pour la conscience qui le conçoit, par la position du présent éternel de la réflexion, seule opération spirituelle que nous connaissions, qui nous permet de contempler, mesurer, comparer et déterminer l’incessante relation qui lie le terme connaissant au terme connu, et revient du terme connu au terme connaissant, intégrant ses démarches successives dans l’acte unique de la connaissance »

Il est absolument nécessaire de distinguer  ce « Présent éternel «  de la réflexion, ce pouvoir d’actualisation , du temps chronologique qui nous « coule entre les doigts comme du sable « , qui est aussi celui de la physique

#CochetBrunschvicg #ScienceInternelle La relativité du temps

L’une des formules les plus paradoxales, mais aussi les plus profondes du livre de Mme Cochet est :

»c’est nous qui créons le temps chronologique et psychologique par notre marche tangente à l’esprit »

http://connexion-quantique.over-blog.com/pages/CREONSNOUS_NOTRE_PROPRE_REALITE-4133274.html

#CochetBrunschvicg 6 : la conversion de la chair à l’esprit dans le Temps hermétique

« Pour cesser d’être tantôt une sensation (parfois je suis) et tantôt une pensée (parfois je pense) IL n’y a d’autre moyen que de transformer la sensibilité en expression d’intelligence , comme dans la science, ou l’intelligence en expression de sensibilité, comme dans l’art. Alors on possède par l’esprit ce qui nous atteint par la chair et la pénétration de l’une par l’autre s’accomplit sans contradiction. À la limite, tout le pensé serait vécu, tout le vécu serait pensé, et la conscience serait sans ombres. Les œuvres créées ainsi nous recréent à leur tour selon leurs normes idéales et, engendrées par les hommes dans la conversion de la chair à l’esprit, elles engendrent à leur tour, par l’intériorisation de l’esprit dans la chair, une humanité plus pure, plus spécifiquement humaine.
L’artiste et le poète communient inconsciemment avec l’immanente présence de l’actuel. Passé et futur s’unifient en eux par leur adhérence à la beauté spontanément perçue. Et d’ailleurs dans le présent éternel où se meut la pensée, le futur est toujours un souvenir qui renaît dans une émotion nouvelle. L’éternel retour de Nietzsche n’est qu’un essai de chronologie pour atteindre et exprimer l’éternité du présent qu’il a certainement ressentie plusieurs fois dans un choc terrible et qu’il a tenté de traduire. Le Temps chronologique ne vient pas vers nous; c’est nous qui le créons pas à pas dans notre marche tangente à l’esprit

Une conclusion qui peut sembler en contradiction avec ma thèse sur les deux flèches du temps, dans cet article :

La nature fonctorielle de la loi de création de Wronski

et qui peut être rapproché des propos d’Einstein sur l’inexistence du Temps qui découle de la physique relativiste.

Brunschvicg parle du temps simplement vital :

»“«Nous nous affranchirons du temps simplement vital, dans la mesure où nous en découvrirons la racine intemporelle. La vie, nous savons trop qu’elle est sans pitié pour les vivants. Elle peut se définir comme l’ensemble des forces qui résistent à la mort….. jusqu’à l’inévitable dénouement qui la révèle comme l’ensemble des forces qui acheminent à la mort »

cette « racine intemporelle «  qui nous aide à nous libérer de la « croix du Temps », c’est le pouvoir actualisant de la réflexion «  qui s’exerce d’une façon permanente, sans même que nous le connaissions. C’est lui qui crée, en le déterminant dans un espace intégré par la connaissance, la position d’un lieu considéré ici, alors que dans l’instantané, le lieu est sans correspondance ; et en ordonnant le maintenant de l’action qui se fait, en le reliant chronologiquement à un antécédent retenu  par la pensée et à un conséquent anticipé par elle. Ce maintenant , cet ici n’attestent pas seulement la puissance créatrice de la réflexion, ils diffèrent profondément de ceux qu’épuise à chaque instant le présent évanescent de l’action chronologique, en ce qu’ils contiennent, en leur actualité inépuisable, les icis les plus lointains comme les maintenants qui furent aux temps les plus reculés et qui seront aux temps les plus futurs.

Aucune limite n’est pensable à ce pouvoir d’actualisation, sans lequel ne subsiste ni passé ni futur, mais une instantanéité insaisissable et insituable. Toute connaissance s’exerce ainsi dans un inépuisable aujourd’hui. En lui s’insèrent tous les temps, s’évoquent tous les espaces. Et ces espaces infinis qui faisaient trembler Pascal, n’ont point à troubler le jugement de la réflexion. Ce jugement les contient. Ils ne le contiennent pas.

A cette actualisation de l’espace et du Temps, il n’est permis d’assigner aucune origine, puisque pour marquer une origine, il faut justement un jugement d’antériorité qui dépasse, en la créant, cette antériorité «

Apparait alors la notion de « monde spirituel » ( qui ici est compris comme l’Etendue Intelligible, ou « pays des vérités » , de Malebranche), qui n’a rien à voir avec l’invention chimérique de Rudolf Steiner :

»ce jugement du présent éternel ressemble à un miroir profond où d’innombrable images naissent et se pénètrent mutuellement sans s’effacer jamais, mais en se modifiant les unes les autres par des valeurs nouvelles. Ainsi réfléchi, conservé , transformé , le mirage fluent des sens et des vies s’instaure en un monde spirituel, s’ordonne et s’unifie. Les intelligences s’y succèdent, se développant en lui et le développant à leur tour. C’est dans ce monde spirituel que nous trouvons le spectacle offert à notre réflexion. L’acte réflexif ne souffre pas d’altérations, le présent éternel ne se subdivise pas. Il est présent unitivement dans son activité . Mais les images sur lesquelles il s’exerce attendent d’un jugement toujours en progression leur cohérence, dans un ordre plus pur, plus précis et plus souple à la fois. Et ce qui s’offre à la réflexion de notre conscience, ce sont les jugements par lesquels se sont instaurés les pays humains, où sont inscrites les lois et les volontés de l’esprit, où retentissent ses appels »

Cette connaissance intégrale , qu’on peut appeler connaissance de la connaissance ou réflexion sur les connaissances, doit être soigneusement distinguée des savoirs scientifiques « régionaux «  : «  elle n’a pas à considérer les résultats de la science, de l’art, ou même de la philosophie au point de vue de leurs résultats provisoires, mais comme vestiges de l’opération spirituelle qui transforme l’animalité en humanité.

C’est un univers spirituel , créé par la réflexion des hommes, qui engendre les espaces et les temps, les peuple, les conserve en lui, les ordonne et les unifie »

La fin, si belle et si énigmatique, de « L’arrêt de mort » de Maurice Blanchot , évoque pour moi avec certitude cette « affirmation toujours en acte qui manifeste l’immanence de l’esprit «  : le texte de cette fin se trouve ici :

George Bataille : ” le bleu du ciel” (1935): le jour des morts

« Qui peut dire : ceci est arrivé , parce que les événements l’ont permis? Ceci s’est passé parce que, à un certain moment, les faits sont devenus trompeurs et ont autorisé la vérité à s’emparer d’eux ? Moi même, je n’ai pas été le messager malheureux d’une pensée plus forte que moi, ni son jouet ni sa victime, car cette pensée si elle m’a vaincu, n’a vaincu que par moi et finalement elle a toujours été à ma mesure, je l’ai aimée et je n’ai aimée qu’elle et tout ce qui est arrivé, je l’ai voulu, et n’ayant eu de regard que pour elle, où qu’elle ait été et où que j’aie pu être, dans l’absence,dans le malheur, dans la fatalité des choses mortes, dans la nécessité des choses vivantes, dans la fatigue du travail, dans ces visages nés de ma curiosité , dans mes paroles fausses, dans mes serments menteurs, dans le silence et dans la nuit, je lui ai donné toute ma force et elle m’a donné toute la sienne, de sorte que cette force trop grande, incapable d’être ruinée par rien, nous voue peut être à un malheur sans mesure, mais, si cela est, ce malheur je le prends sur moi et je m’en réjouis sans mesure, et à elle je dis éternellement :” Viens” et éternellement elle est là

cette force trop grande mais toujours à notre mesure, que l’on ne peut jauger que dans la rencontre avec la « vérité de notre  condition », rupture avec le « monde « , dans « le silence et dans la nuit », et qui « éternellement est là «  , ne se trouve t’elle pas dans ce « pouvoir d’actualisation » auquel on ne peut assigner aucune limite ?

Récapitulons à gros traits : la démarche de Marie Anne Cochet tient en cinq points expliqués par elle même page 50 :

»1 – l’attitude philosophique vise une connaissance intégrale ( terme de Brunschvicg dans « La modalité du jugement »)

2 – Il y a une dualité qui sous- tend une relation permanente entre présent éternel du jugement et le temps chronologique du donné qui est créé par nous dans notre marche tangente à l’esprit

3 – la connaissance est présente dans l’élaboration de l’être, toute durée nécessitant  un jugement d’antériorité et de futur

4 – Le choc, en quoi s’origine la démarche de connaissance intégrale et d’unification n’est pas extérieur à l’esprit, Mme Cochet classe ces chocs en trois catégories associées à trois types d’hommes  selon leurs réactions :

#CochetBrunschvicg 12 : trois types d’êtres humains donc trois conceptions de Dieu, trois dieux en guerre

1 les hommes – animaux, qui réagissent selon la sensibilité

2 les hommes sociaux , qui réagissent sous le signe de l’intérêt individuel

3 les hommes humains ( ce que Brunschvicg nomme « homo Sapiens » et qui n’a rien à voir avec les données anthropologiques sur la préhistoire) qui réagissent sous le signe de l’esprit

A ces trois  types d’humanité sont associés trois types de jeux :

-les jeux de hasard, qui favorisent la superstition des hommes animaux du premier group

– les jeux d’intelligences et d’habileté comme le bridge

– les jeux purement intellectuels comme les échecs, où « l’esprit joue avec lui même « . Selon la conception en extériorité,  le joueur qui gagne perd, car il  n’a pas appris de connaissances nouvelles, mais celui qui perd gagne,  car son savoir s’est enrichi. En fait « le joueur joue à l’intérieur de lui même De même on peut évoquer ici  le jeu oriental  de Go  , où les espaces connectif étudiés par Stéphane Dugowson jouent un grand rôle.

On peut ici évoquer aussi le «  jeu des perles de verre «  du roman d’Herman Hesse

Cf le site :

Site 0. Castalia: the Game of Ends and Means

Où l’on note la présence de plusieurs mathématiciens parmi les contributeurs, comme Andrée Ehresmann, Guerino Mazzola, Giuseppe Longo et Fernando Zalamea.

ces trois groupes humains sont aussi associés à trois dieux en guerre perpétuelle :

Mais comment s’appellent ces trois dieux en guerre permanente?

dieux de la matière, de la vie et de l’esprit.

Enfin, cinquième point de la démarche de Marie Anne Cochet :

5 – l’unification immanente de l’esprit est sans transcendance , affirmée par la présence des choses et des êtres, l’Un séparé est absolument exclu, c’est là la différence avec les monothéismes abrahamiques comme judaïsme ou islam.

Mme Cochet a ici une formulation frappante :

» À la limite, s’il faut nommer Dieu, il est cette Présence d’unité dans la conscience humaine. Toute autre définition en contredit la notion »

qui rappelle celle de Brunschvicg à la fin du « Progrès de la conscience dans la philosophie occidentale « :

«  nous devrons donc conclure qu’en dehors de la présence d’unité dans une conscience qui sait n’être radicalement extérieure à rien, il n’y a rien, non point que l’on n’ait rien trouvé , mais parce qu’il n’y avait en effet rien à chercher »

d’ailleurs ce Dieu défini comme la présence spirituelle des êtres à l’esprit immanent, seule définition non contradictoire à la notion même de Dieu, n’est ce pas le Dieu vraiment divin de Brunschvicg , en opposition avec les dieux humains, anthropomorphiques de religions comme l’islam ?

#BrunschvicgRaisonReligion troisième opposition fondamentale : Dieu humain ou Dieu divin

Marie Anne Cochet indique que « ces premières remarques permettent d’entrevoir le renversement de l’abstrait au concret , qui est la pointe aiguë de la spéculation brunschvicgienne «

Le mouvement de l’esprit sur quoi s’exerce  la connaissance réflexive  et qu’elle isole, n’est pas un abstrait formel, mais «   l’éternel concret, le lien immanent  entre le connu et le connaissant, l’acte qui les fait apparaître en simultanéité , et sans lequel ni l’un ni l’autre ne pourraient être conçus, pas plus que le temps ou l’espace «

Ceci oriente la pensée vers la différence entre la théorie des universaux abstraits, qui est la théorie des ensembles, et la théorie des universaux concrets, qui est la théorie des catégories :

#CochetBrunschvicg Un Transcendant (YHWH ou Allah) et Un immanent

La théorie des catégories est théorie des universaux concrets, celle des ensembles théorie des universaux abstraits : un papier de David Ellerman

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